Les origines de l'oniromancie

Tout le monde rêve, c'est banal et pourtant c'est vrai. Chacun de nous se souvient d'au moins un rêve qui l'a marqué. Parfois les souvenirs des rêves les plus étranges et marquants remontent au loin, jusqu'à notre plus tendre enfance. On sait même que les rêves ne sont pas l'exclusivité de l'être humain. Les animaux, eux aussi, rêvent. Chaque personne possédant un animal de compagnie, comme un chien, un chat, un rat, etc. a pu observer son agitation durant le sommeil, laissant supposer que notre cher ami à quatre pattes se débat dans un monde imaginaire, appelé le rêve.

Mais alors qu'est ce qu'un rêve au juste ? On appelle le rêve l'ensemble des phénomènes psychiques que l'on éprouve durant le sommeil. La science qui se consacre à l'étude des rêves porte le nom de l'onirologie.

Les rêves les plus complexes se produisent lors de la phase du sommeil paradoxal. Cette phase du sommeil existe chez les humains, ainsi que chez tous les autres mammifères. Le sommeil paradoxal se produit aussi chez les marsupiaux et les oiseaux. Ainsi on considère qu'un cerveau capable de se plonger dans le sommeil paradoxal, produira les rêves, qu'il appartienne à un être humain ou à un animal.

Lorsqu'on émerge du sommeil, on ne se souvient pas toujours et même rarement de ce dont on a rêvé. Parfois pourtant les images produites lors du sommeil paradoxal persistent lorsqu'on est éveillé et sont tellement nettes que l'on peut les garder en mémoire des heures, des jours voire des années. C'est là que survient la question sur le sens de ces images. Les hommes se la posent depuis fort longtemps, en donnant aux rêves un sens et une importance qui change au fil du temps.

Depuis la nuit des temps et jusqu'au Moyen Âge le rêve est pris pour un message divin. Selon nos lointains ancêtres, c'est de cette manière que les dieux communiquent avec les humains. Cette vision est présente dans la mythologie égyptienne, grecque, romaine aussi bien que dans la Bible et les religions monothéistes. On se souvient de Zeus s'adressant de cette manière à Agamemnon ou Dieu biblique qui communique ainsi sa volonté à Moïse. L'analyse et l'interprétation des songes, appelée l'oniromancie, se développe alors de plus belle. C'est aussi à cette époque, ce qui est clairement mentionné dans la Bible, que l'on commence à se méfier des songes et des « faiseurs de songes » ainsi que de tous ceux qui se prétendent être les messagers de Dieu.

Au Moyen Âge on arrive à distinguer clairement trois types de rêves, dont un seulement, celui d'origine divine serait digne d'intérêt, le reste étant sans intérêt ou carrément l'ouvre du malin. L'interprétation des rêves et leur analyse se poursuit, mais seuls les rêves contenant la parole divine sont tolérés. L'oniromancie devient une science interdite.

C'est à partir du XIIe siècle que le savoir sur le rêve commence à s'éloigner de son origine divine ou satanique. On distingue alors cinq types de rêves : le rêve d'oracle divin, le rêve prophétique, le rêve doté d'un sens digne d'une interprétation, un rêve commun et sans intérêt et le dernier, le cauchemar ou l'apparition fantomatique. Cette étude détaillée du rêve est contenue dans l'ouvrage intitulé « L'Esprit et l'âme » rédigé de la main d'un moine cistercien du nom d'Alcher de Clairvaux. Durant les siècles à venir, plusieurs ouvrages sont consacrés au rêve, comme « De somniis » par Caspar Peucer ou la « Théorie des songes » par l'abbé Richard, qui continuent l'approche médiévale du rêve.

Avec « La vie des rêves » Karl Albert Scherner entame la période moderne dans l'interprétation des rêves. Des théories métaphysiques ou biologiques sur le sens des songes voient le jour. Selon elles, il existe deux sortes de symboles oniriques : les premiers évoquent les organes sexuels féminins ou masculins et ainsi renseignent sur les désirs ou les manques touchant la sphère sexuelle de la vie du rêveur. Les seconds symboles oniriques renseignent sur l'état de santé du rêveur, sa physiologie et d'éventuels problèmes la concernant. Sigmund Freud, pour qui Scherner est le véritable prédécesseur dans l'approche moderne des songes et le père de la symbolique onirique moderne, continuera le travail sur le rêve, en développant la vision psychanalytique du rêve. C'est alors que les rêves prennent de l'importance dans la compréhension de soi. La psychanalyse de Freud et la psychologie analytique de Carl Gustav Jung étudiera la symbolique des images apparues dans les rêves et attribuera un rôle important à leur compréhension. Un rêve compris aide alors à rétablir l'équilibre psychique. Le rêve est ainsi considéré comme l'ouverture sur l'inconscient et devient la voix de la partie profonde et souvent ignorée de notre psyché. De nombreux ouvrages ont alors été consacrés au décodage des symboles oniriques utilisés par l'inconscient.

Après tout ce qui a été dit sur le rêve, à l'heure actuelle les chercheurs n'ont toujours pas trouvé quelle serait sa fonction dans la bonne marche de notre esprit. On sait que le rêve est un ensemble de phénomènes psychiques éprouvés durant le sommeil et sans lien avec le monde extérieur au moment ou le rêve se produit. Pour les uns le rêve ne possède aucune fonction propre, pour d'autres il reflète un processus de régulation émotionnelle ou encore celui d'abstraction des représentations mentales. En attendant que le mystère des songes soit percé, continuons de faire de beaux rêves !